Apparemment NON // Adieux les belges......
Privatisation : Les Américains aux portes de la Camair
--------------------------------------------------------------------------------
La compagnie United Airlines et l’ambassadeur des Usa au Cameroun auraient déjà eu l’accord du gouvernement, en attendant la finalisation des procédures.
Alain B. Batongué
--------------------------------------------------------------------------------
La nouvelle s’est répandue dans certains cercles du pouvoir en ce début de semaine comme une traînée de poudre : la compagnie américaine United Airlines aurait signé avec le gouvernement, dans la plus grande confidentialité, un accord permettant à l’opérateur aérien de racheter Camair Co, société nouvellement créée en vue de sa privatisation. Certaines sources ajoutaient même que, totalement pris de court et dénonçant cette rupture abusive de contrat, le consortium First Delta Air Services, à travers notamment Sn Brussels et Cenainvest, auraient même porté plainte au gouvernement camerounais, à l’effet d’obtenir une forte indemnité. Comme par hasard, aucun responsable de Cenainvest n’était joignable hier soir, et les responsables de la communication annonçaient sans conviction qu’ils prenaient part à une réunion. De crise ? Voire.
L’heure serait effectivement grave, dans la mesure où les Américains, qui n’ont pas fait mystère de leur désir de reprendre la Camair depuis de nombreux mois, ont choisi les gros moyens pour parvenir à leur fin. Un dossier piloté personnellement par le Premier ministre du Cameroun, Inoni Ephraim, une implication personnelle de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, qui aurait obtenu l’accord formel du président de la République, en échange, entre autre, d’une plus grande stabilité politique et, surtout, de l’annonce de l’arrivée prochaine de nombreux investisseurs américains au Cameroun. Ce qui est constant de ce point de vue, c’est que le diplomate américain s’est un peu trop fait recevoir ces derniers mois au palais de l’Unité par le président de la République, pour ne pas susciter au moins une curiosité.
Mais des sources proches des services du Premier ministre insistent pour dire que c’est d’abord l’offre de United Airlines en elle-même, qui a séduit les autorités camerounaises. Une quinzaine d’aéronefs de marque Boeing pour le redémarrage des activités ; un personnel de la Camair presque totalement repris par la nouvelle compagnie (là où le consortium camerouno-belge rechignait à reconduire les deux tiers) et, surtout, l’ouverture d’une ligne directe entre Douala et les Etats-Unis qui, dès le départ, desservirait d’abord la mégalopole de new York.
Nouvel appel d’offre
Cela dit, nos sources dans les services du Premier ministre, qui reconnaissent avoir vu passer le dossier, indiquent que " les plus grandes décisions ont été prises en haut lieu, et le reste n’est que formalités ". Sont-ce donc ces formalités que serait en train de peaufiner une demi douzaine d’avocats de la compagnie, venue de Washington et de Londres, avant l’annonce officielle du rachat de la Camair ? Les services de communication de l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun, sollicités hier soir au téléphone, n’ont pas voulu s’expliquer sur le sujet, indiquant simplement que " c’est au gouvernement du Cameroun, la source la plus indiquée, de donner des informations officielles sur la question ".
Malheureusement, personne, parmi les représentants des intérêts du gouvernement, n’a pu confirmer ou infirmer ces informations. Aucun responsable de la Commission technique de privatisation et de liquidation n’a pu être joint : le ministre chargé de l’Economie et des Finances, qui a jusque-là piloté le dossier de scission-liquidation-privatisation de la Camair, serait en mission à l’étranger ; et au niveau de l’Administration provisoire, toujours en poste, on indique que ce domaine n’est pas de sa compétence.
Information constante cependant, le gouvernement serait officiellement en train de s’organiser pour désigner les membres du conseil d’administration de la nouvelle compagnie aérienne, Camair Co, à la suite de quoi sera nommé un directeur général (probablement par intérim), pour se confirmer à l’esprit de ce texte présidentiel. C’est cette nouvelle structure, jusque-là détenue à 100% par le gouvernement camerounais, qui sera appelée à négocier et à céder 51 % de ses parts au nouveau repreneur.
Nos diverses sources indiquent cependant que, si au final la compagnie américaine a des chances de rafler la mise, il faudra qu’elle respecte les procédures. Et ces procédures devraient commencer par l’annonce par le gouvernement, après avoir mis sur pied les nouveaux organes dirigeants de Camair Co, du caractère infructueux de l’offre du consortium piloté par Sn Brussels, jusqu’à présent adjudicataire provisoire. Selon les dispositions du décret signé en juin dernier par le président de la République, cela permettrait alors, enfin, à United Airlines d’entrer officiellement dans la concurrence en présentant un dossier " en béton ", avec des offres plus intéressantes que celles des autres.
L’autre hypothèse, invraisemblable selon nos sources, serait une espèce " d’oukase ", de passage en force du gouvernement qui signerait une convention de gré à gré avec la compagnie américaine ; un procédé dangereux parce qu’il mettrait en péril nos relations avec le Fmi et la Banque mondiale, particulièrement sourcilleux sur la transparence du processus de privatisation, et qui s’est jusque-là satisfait des opérations menées par le gouvernement. Pour satisfaire une puissance alliée désireuse de boucler sa stratégie de contrôle de la sous région du Golfe de Guinée, le Cameroun va-t-il s’aliéner le respect des partenaires au développement ?